Après une année 2022 d’accroissement des incertitudes – du fait notamment de la géopolitique, de l’inflation et de la fin des politiques monétaires accommodantes –, l’année 2023 a finalement montré un atterrissage économique en douceur : recul de l’inflation, arrêt du resserrement monétaire et une certaine résistance de la croissance en Occident, malgré des effets sur les secteurs fortement sensibles aux hausses de taux d’intérêt et de fortes disparités entre les deux côtés de l’Atlantique. Cependant, le contexte de volatilité globale persiste en 2024.
Le contexte géopolitique reste un facteur d’incertitude majeur pour 2024, du fait, en particulier, de l’enjeu stratégique que constitue la guerre en Ukraine ou le conflit au Proche-Orient, avec ses risques d’extension aux conséquences potentiellement élevées, notamment sur le commerce mondial, les chaînes d’approvisionnement, et finalement sur les prix.
Les enjeux politiques comprennent également les risques liés à de nombreuses élections majeures au cours de l’année (Taïwan, Russie, Inde, Europe, États-Unis, etc.), générant un climat d’instabilité qui influera sur les stratégies de l’ensemble des acteurs (États, entreprises, marchés).
Face aux effets potentiellement significatifs de ces événements, l’encadrement rigoureux des risques du Groupe (crédit, financiers et opérationnels, notamment ceux liés à l’environnement) et la qualité de ses actifs représentent des atouts forts pour la poursuite de son rôle dans le financement de l’économie et l’accompagnement des transitions.
« Dans un environnement toujours incertain, la direction des Risques contribue à la maîtrise du développement du groupe Crédit Agricole au service du financement de l’économie en coordonnant une politique de gestion des risques prudente et cohérente dans l’ensemble de ses entités. »
« Dans un environnement toujours incertain, la direction des Risques contribue à la maîtrise du développement du groupe Crédit Agricole au service du financement de l’économie en coordonnant une politique de gestion des risques prudente et cohérente dans l’ensemble de ses entités.
La gestion des risques de Crédit Agricole S.A. est fondée sur des approches sélectives et responsables dans toutes ses activités, en particulier dans l’octroi de crédit. Le profil de risque du Groupe qui en découle, structurellement prudent, est caractérisé par la grande diversification du portefeuille de financement, tant du point de vue sectoriel que du type de clientèle, avec une forte part de banque de détail et un niveau de risque de marché modéré par rapport à ses pairs.
En 2023, le groupe Crédit Agricole a enregistré un coût du risque de 2 941 M€, soit 25 points de base et sur le périmètre Crédit Agricole S.A., 1 777 M€, soit 33 points de base, des niveaux très semblables à ceux enregistrés en 2022 et conformes à la trajectoire du Plan à moyen terme. Si l’on note une augmentation du risque avéré, concentré sur les clientèles des professionnels, des petites entreprises et du crédit à la consommation, il demeure toutefois inférieur à la moyenne de risque avéré enregistrée sur la période pré-Covid-19 de 2012 à 2019 (2,7 Mds€).
En outre, au cours de l’exercice, le Groupe a continué de doter ses provisions de prudence qui, à la fin de l’année, atteignent 8,7 Mds€, soit environ un peu plus de trois années du coût moyen du risque avéré observé sur longue période et qui portent l’ensemble des provisions totales du Groupe à 20,7 Mds€ contre 19,9 Mds€ à fin 2022. Ces provisions confèrent au groupe Crédit Agricole un niveau de couverture parmi les plus élevés des banques européennes. »
Répartition des encours de prêts bruts aux clients du groupe Crédit Agricole
Groupe Crédit Agricole : 1 177 Mds€1
Répartition des emplois pondérés (RWA) du groupe Crédit Agricole au 31 décembre 2023
Les informations détaillées sur les risques sont disponibles dans le chapitre 5 du Document d’Enregistrement Universel (pour Crédit Agricole S.A.) et dans le chapitre 3 de son actualisation A01 (Groupe Crédit Agricole). En particulier :
* Provisions pour encours sains et risques avérés / encours en défaut des prêts et créances à la clientèle
3 lignes de défense
Un processus d’identification des risques / Une comitologie spécifique
Alors que le niveau de risque mesuré s’est normalisé progressivement après les bas niveaux observés post-crise sanitaire, le contexte géopolitique, le maintien d’une inflation élevée et la transmission des effets des politiques monétaires plus restrictives engendrent un climat d’incertitudes :
Des secteurs comme l’immobilier commercial et de bureau, celui du bâtiment et des travaux publics, ceux concernés par les chaînes d’approvisionnement mondialisées (automobile, transport maritime), ainsi que les commerces de détail impactés par les évolutions des habitudes de modes de consommation s’avèrent particulièrement exposés à ces risques.
Par ailleurs, le groupe Crédit Agricole a poursuivi en 2023 la forte réduction de son exposition à la Russie, initiée en 2022 à la suite du déclenchement du conflit et de la mise en place des sanctions internationales (réduction des engagements de 75% en sus de l’arrêt de l’activité commerciale).
Les risques liés à des pertes, baisses des recettes ou de résultat en raison de décisions liées à nos choix stratégiques et/ou notre positionnement concurrentiel, ainsi qu’à l’environnement macro-économique, politique, réglementaire et technologique.
Les risques environnementaux résultent de l’exposition du Groupe à des contreparties qui peuvent être négativement affectées par ces facteurs ; ils sont appréhendés comme des facteurs de risques influençant les autres catégories de risques existantes, notamment de crédit, mais également de marché, opérationnels, juridiques et de réputation…
Les risques environnementaux comprennent les risques de transition, liés à la mise en place d’une économie plus sobre en carbone et plus durable, les risques physiques, qu’ils soient intenses ou chroniques, et les autres risques, notamment les dégradations environnementales, l’utilisation des ressources naturelles ou la perte de la biodiversité.
Le Groupe a par ailleurs mis en place une stratégie climat ambitieuse en trois axes complémentaires :
Le groupe Crédit Agricole a défini ses ambitions en faveur de la décarbonation de l’économie, fondées sur la science, notamment le scénario SDS (Sustainable Development Scenario) de l’Agence Internationale de l’Énergie. Elles s’inscrivent dans le cadre de son adhésion à la Net Zero Banking Alliance et couvrent dix secteurs d’activité représentant environ 60% des expositions du groupe Crédit Agricole et plus de 75% des émissions de gaz à effet de serre financées.
« L’Inspection générale déploie, sur l’ensemble des métiers et des pays où Crédit Agricole est présent, sa force de vérification de la correcte application des réglementations, sa capacité d’analyse de la sécurité des systèmes et des opérations, et évalue les politiques de maîtrise des risques au sein du Groupe. L’Inspection adopte, depuis l’intérieur, un regard extérieur et indépendant pour vérifier l’adéquation des actions avec les orientations stratégiques du Groupe et évaluer la sécurité et l’efficacité des dispositifs opérationnels. Elle demande, autant que de besoin, des actions correctives pour réduire les zones de risque identifiées.
En 2023, le groupe Crédit Agricole a poursuivi son développement au service de ses clients et de la société au travers de nouvelles activités et géographies qui viennent renforcer son modèle de banque universelle. C’est pourquoi l’Inspection générale a étendu sa supervision, en auditant, par exemple, les entités nouvellement acquises, ainsi que les activités liées à l’économie de l’usage des biens qui connaissent un fort développement.
Acteur clé œuvrant à la sécurisation des activités du groupe Crédit Agricole, grâce à la qualité de ses équipes formées en continu, l’Inspection générale renforce constamment ses capacités d’audit des grands enjeux stratégiques du Groupe : prévenir l’impact du réchauffement climatique sur les activités, accompagner la transition vers une économie bas carbone, délivrer des services et prestations respectueuses des intérêts de chaque client, renforcer la protection des données personnelles et conserver la souveraineté de celles-ci. »
Laurence Renoult
Inspectrice générale de Crédit Agricole S.A.